Coucou les filles !
Aujourd’hui, je vous présente une marque marocaine de cosmétiques naturels.
Je suis allée à la rencontre des deux co-fondatrices d’Odarym afin d’en savoir plus sur la composition de leurs produits car au Maroc, le greenwashing (stratégie marketing utilisée par une marque afin de se donner une image « naturelle » et « éco-responsable » alors que ce n’est pas le cas) est omniprésent. Et quelle agréable surprise de découvrir du 100% naturel, sans tromperies ni artifices !
Installées confortablement dans les bureaux de la marque, l’interview a pu commencer.
Nora : Est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Houda : Houda Bennis, j’ai 44 ans. Fondatrice de la marque Odarym et maman d’une petite fille de 7 ans. Je m’occupe du développement et de la production des produits. Je gère aussi toute la partie administrative. Je suis aussi la Tante d’Amina (rires) !
Amina : Amina (prénom d’emprunt), j’ai 28 ans et maman d’un petit garçon de 2 ans. Je suis responsable commercial, marketing et communication chez Odarym. Je développe la partie « image » de la marque, les stratégies de vente et les partenariats.
Nora : Pouvez-vous nous expliquer la signification d’ « Odarym » ?
Houda : C’est vraiment très personnel (rires) !
D’une part, « Od » est une partie de mon prénom Houda mais aussi l’ode en tant que cadeau fait à mon enfant. D’autre part, Rym est le prénom de ma fille. Odarym est aussi un projet que je construis dans l’espoir de le lui léguer.
Avant même l’idée du nom « Odarym », le projet en lui-même a vu le jour lors de ma grossesse. J’ai décidé d’enlever tous produits chimiques et je me suis lancée à faire mes propres déodorants, savons et shampooings solides. La marque Odarym est très liée à ma fille.
Nora : Pouvez-vous nous expliquer le concept de votre marque ? Quelles valeurs souhaitez-vous véhiculer à travers celle-ci ?
Amina : Odarym est une marque éthique qui respecte l’environnement, la nature et la sensibilité de la peau. Quand on regarde de plus près, il y a énormément de produits chimiques qui sont en contact avec notre peau. On souhaite revenir aux sources et faire de « vrais » produits 100% naturels afin de prendre soin de soi.
On souhaite aussi que notre marque soit accessible. Aujourd’hui, le « naturel » est vu comme un produit de luxe. Selon nous, tout le monde a droit à ce naturel et cette pureté. Ca ne devrait pas être un luxe !
Houda : Pour pousser le concept encore plus loin, il faut savoir que les matières premières que j’utilise sont nobles. On a tout fait pour rester accessible à un plus grand nombre de personnes avec des matières premières de qualité.
Par exemple, toutes les huiles végétales que j’utilise sont issues d’une première pression à froid. Il y a même certaines huiles que je presse moi-même et uniquement à la commande : huile d’argan, huile d’amande douce, huile de sésame, huile de tournesol. Un autre exemple : je fabrique moi-même le ghassoul. J’achète la roche et je le fais chez moi au lieu de l’acheter déjà prêt chez un fournisseur.
Pourquoi faire tout cela moi-même ? Je suis très méfiante quant à l’industrie, bien que je ne puisse rien confirmer sans avoir vu de mes propres yeux. Je préfère éviter tout doute et je suis fière de dire que je fabrique certaines matières premières moi-même.
Nora : Est-ce que vos produits ont une certification biologique ?
Houda : Malheureusement non.
Lina : Pour l’instant on ne l’a pas. Néanmoins, la marque est enregistrée auprès du Ministère de la Santé : les analyses microbiologiques des produits sont effectuées afin de garantir leur qualité. L’obtention de la certification prend du temps et demande un financement important. On préfère se concentrer sur la distribution des produits sachant que nous sommes sur à 100% de leur composition.
Nora : Est-ce que vous livrez à l’international ?
Amina : On livre surtout au Maroc et en France par le biais d’un partenariat. Notre objectif à long terme est d’exporter vers les pays africains. Il y a un potentiel important en termes de marché et un fort besoin de produits de qualité. Par exemple au Sénégal, au Ghana ou en Mauritanie, les femmes veulent prendre soin de leur peau et sont demandeuses des produits marocains.
Nora : Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Houda : De nouveaux produits sont en cours d’élaboration : gel douche et shampoing liquide car nous avons déjà des shampoings solides. Ils seront 100% naturels : sans sulfates ni SCI qui ont tendance à agresser le cuir chevelu.
Cela fait 2 ans que je travaille dessus, je suis à 85% du résultat. Ils seront en vente dès cet été In Shaa Allah. Un autre projet sur lequel je travaille est la création d’un ou deux parfums naturels spécifiques à la marque Odarym
Amina : On a déjà eu des partenariats avec des magasins éphémères et cela a très bien marché. Nous avons aussi des partenariats avec certaines pharmacies mais uniquement pour le déodorant.
Aujourd’hui, on souhaite installer dans nos bureaux un espace dédié à la vente de nos produits avec une responsable qui sera à l’écoute des clientes.
Nora : Alors qu’elle est au cœur des préoccupations des consommateurs, pouvez-vous nous parler plus en détails de la composition de vos produits ?
Houda : Nous travaillons toujours avec des matières premières de qualité. Par exemple, nous utilisons du beurre de karité brut, notre huile de coco est pressée au Maroc, et comme je l’ai dit précédemment, je presse moi-même certaines huiles végétales.
Je parfume mes produits avec les huiles essentielles pour éviter un maximum les parfums de synthèse. Malheureusement, j’en utilise encore car les consommateurs sont très demandeurs, mais à un faible dose.
Amina : Tous nos produits sont à base d’huiles végétales ou de beurre de karité brut. Nous ne faisons pas de crèmes car elles sont composées à 70% d’eau : le client n’en tire que peu de bienfaits. Nous fabriquons plutôt des baumes à base de beurre de karité ou d’huile de coco. On y ajoute les huiles végétales selon leurs propriétés. Par exemple, l’huile de rose musquée sera utilisée contre les tâches pigmentaires. L’huile de jojoba viendra travailler sur l’élasticité de la peau. On termine avec les huiles essentielles qui auront leurs propres vertus mais qui vont aussi accentuer et accélérer les bienfaits des huiles végétales.
De plus, nous voulons être transparents au maximum. De ce fait, la liste des ingrédients n’apparaît pas en INCI (Nomenclature of Cosmetic Ingredients – non obligatoire au Maroc, contrairement à la France) mais en langue française afin que chacun puisse comprendre facilement la composition du produit.
Nora : Selon vous, le greenwashing est-il présent au Maroc ? Si oui, à quelle proportion ?
Amina : Malheureusement, ça existe mais je ne saurai vous dire à quelle proportion.
Houda : Moi je dirai qu’il n’y a que ça (rires) ! Dans plusieurs salons, j’ai insisté auprès de certains exposants de produits cosmétiques dits « naturels » pour finalement apprendre d’eux qu’il n’y avait vraiment rien de naturel. C’est choquant car les clients leur font confiance.
En parallèle, certaines coopératives féminines se revendiquent du naturel et le sont vraiment. Elles fabriquent leurs propres produits tout en étant bien encadrées.
Nora : Selon vous, comment évolue le bien-être au naturel au Maroc ? Les marocains y sont-ils réceptifs ?
Amina : Le bien-être au naturel évolue bien au Maroc pour 2 raisons.
D’une part, la vague « bio » est arrivée d’Europe. De plus en plus de Femmes réalisent à quel point les produits chimiques sont néfastes. Elles sont à la recherche de produits naturels.
D’autre part, il y a toujours ce côté traditionnel chez les Femmes marocaines. On garde précieusement les recettes naturelles de nos grands-mères pour prendre soin de nous.
Le naturel se développe et s’agrandit dans les grandes métropoles comme Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech, Kenitra ou Tanger. C’est un marché en pleine croissance.
Nora : Dernière question, connaissiez-vous Peau Neuve ?
Amina : Non du tout.
Nora : Que pensez-vous de son initiative de mettre en avant les projets écolos et éthiques du Maroc ?
Lina : On salue cette initiative ! Cela ne peut faire que du bien à la communauté de pouvoir trouver les produits qu’elle cherche. Même pour nous, cela nous offre de la visibilité afin de répondre aux besoins des consommateurs à la recherche du naturel.
C’est ainsi que s’est achevée cette interview des plus intéressantes. J’ai beaucoup appris de ces deux Femmes passionnées et très engagées dans la beauté au naturel.
J’ai apprécié leur honnêteté et leur authenticité, de plus en plus rare dès que l’on parle « business ».
Ce qui m’a encore plus charmée est leur volonté acharnée d’offrir à tous les marocains de vrais produits naturels de qualité, quitte à produire elles-mêmes leurs matières premières. C’est un travail remarquable, et c’est la première fois que je rencontre une marque qui fournit de tels efforts.
Aujourd’hui, il est possible d’acheter des cosmétiques 100% naturels au Maroc ! C’est donc vers la marque Odarym qu’il faut se tourner : naturelle, éthique, authentique, un coup de cœur.
A bientôt pour un nouvel article sur le Maroc green et écolo !
Nora B.
♥ Un grand MERCI à Nora reporter en direct du Maroc, elle nous partage toutes ses belles adresses écolo et met en lumière des femmes inspirantes. Vous pouvez la suivre ici.