Coucou les filles ! Aujourd’hui, je vous présente une nouvelle adresse sur Casablanca accompagnée de mon alcolyte Oumaima (du blog withoummey, allez checker son interview dans la partie Femme de talent). Il s’agit du restaurant Organic Kitchen. Le nom a le mérite d’être clair : c’est une enseigne qui propose une cuisine avec des produits issus de l’agriculture biologique ou raisonnée.
Situé dans une petite ruelle d’un quartier aisé de la capitale économique du royaume, Organic Kitchen vous propose un univers green qui vous fait oublier la pollution ambiante. Une fois passée la porte, un cadre des plus agréables, très tourné vers l’écologie et le bien-être au naturel s’offre à nous. De la décoration à l’assiette, tout est centré autour d’un mode de vie plus « green ».
Ce restaurant dispose d’une petite terrasse entourée d’un mur d’arbustes : idéal pour un déjeuner sous le soleil.
Mais l’intérieur est d’autant plus surprenant. Ce n’est pas un restaurant « classique » comme nous avons l’habitude de voir. Il s’agit d’un vrai lieu de vie et d’échange avec de nombreux services proposés : un coin épicerie fine pour acheter des produits bio issus du terroir marocain, un coin jeux pour les enfants, un coin lecture avec une mise à disposition gratuite de livres ayant pour sujet l’alimentation saine et équilibrée et bien sûr un espace pour déguster de bons petits plats.
Ici, c’est comme à la maison : l’ambiance est bonne enfant, conviviale et très détendue. Dès notre entrée, un serveur nous accueille avec le sourire et nous place à ce que je considère être la meilleure place du restaurant : la table située juste à côté de la cuisine. Vous devez surement vous dire que je suis bizarre… Pas du tout ! Ce n’est pas n’importe quelle cuisine… Il s’agit d’une cuisine ouverte sur la salle, ce qui m’a permis d’observer le travail très professionnel du chef et de son équipe. J’ai vraiment apprécié cette transparence qui est une valeur forte chez Organic Kitchen.
Une fois installée, quelle agréable surprise de découvrir que l’enseigne est très impliquée dans le mouvement du zéro déchet ! Les boissons sont servies avec des pailles en inox et les serviettes sont en tissu : le tout lavable et réutilisable. Nous avons vraiment apprécié le fait de pousser le côté écolo jusqu’au bout. Cela démontre que la protection de l’environnement n’est pas qu’un argument commercial.
Passons à table !
Oumaima a commandé un green falafel wrap : falafels, houmous de betterave, concombres, tomates, slices d’oignons et carottes accompagné de pommes de terre grenailles grillées au four avec une sauce yaourt aux herbes.
Pour ma part, j’ai eu envie de tout tester. Mais il a bien fallu faire un choix parmi une vingtaine de propositions toutes plus alléchantes les unes que les autres. En entrée, j’ai commandé des veggie stix n’dips : bâtonnets de concombres, poivrons, brocolis et carottes accompagnés d’un assortiment de sauces végétales comme du houmous ou du pesto. Pour le plat, j’ai pris la tartine smashed avo and salmon composée d’une tranche de pain de seigle toasté et recouverte d’un écrasé d’avocat, de saumon fumé, de dés de tomates, d’oignons ciselés accompagnée d’un œuf au plat et d’une salade.
Moi qui ai toujours eu cette idée reçue selon laquelle manger équilibré revenait à se nourrir de petites portions de salade verte (oui gros préjugé, je l’avoue…), Organic Kitchen a su me démontrer le contraire. Leurs assiettes sont riches et gourmandes, si bien que nous n’avons pas pu les terminer en entier. Ce n’est pas faute d’avoir essayer !
Lors de notre repas, le serveur et le propriétaire du restaurant sont venus s’assurer à plusieurs reprises que tout se passait bien. Est-ce qu’une pression pesait sur leurs épaules concernant l’article que j’allais écrire sur leur enseigne ? Pas le moins du monde. L’ensemble du personnel agit comme ça avec toute leur clientèle : ils sont aux petits soins pour nous, toujours avec le sourire. Et ce n’est pas désagréable !
Après avoir terminé notre repas, l’interview a pu commencer dans le coin lecture du restaurant avec Youssef, le fondateur d’Organic Kitchen.
Nora : Pouvez-vous présenter le concept de votre enseigne ? Depuis quand existe-t-elle ?
Youssef : Cela fait un an et demi que l’établissement a ouvert. Que le temps passe vite (rires) ! Pour nous, on a ouvert hier. C’est passé en un clin d’œil.
Concernant le concept, Organic Kitchen est un restaurant où sont utilisés des produits issus de l’agriculture biologique. Nous ne sommes pas un restaurant diététique ni vegan ni spécialisé dans le sans gluten. On propose des plats pour ces régimes spécifiques mais pas que : il y a à manger pour tout le monde.
De plus, ce n’est pas qu’un restaurant. On a une partie épicerie fine qui met en avant le terroir marocain avant tout : les producteurs et les coopératives (notamment Souss Safran composée de 70 femmes). Néanmoins, les produits comme l’huile de noix de coco ou le sirop d’agave sont importés.
Nous sommes là uniquement pour mettre en avant les producteurs locaux qui n’ont pas forcément de visibilité sur Casablanca : on essaye de partager un maximum avec les gens.
A l’étage, il y a un laboratoire pâtisserie : nous faisons du classique, du vegan et du sans gluten.
On a un bar à jus : ils sont pressés à la minute. Nous avons tout type de machine : on a un blender, deux centrifugeuses et un extracteur de jus. En plein rush, nous favorisons la centrifugeuse pour une question de temps.
Il y a une cuisine ouverte sur le restaurant. Cela fait partie de nos valeurs, notamment la transparence. Il y a deux bienfaits à en tirer : le personnel a une certaine pression, ce qui permet de maintenir une bonne cadence et les clients peuvent voir ce qu’il se passe en cuisine.
Nora : Quelles valeurs souhaitez-vous véhiculer ?
Youssef : Nous avons cinq valeurs.
Premièrement : bon, sain et gourmand. Bon car tous les produits que l’on utilise sont frais, la réception se fait chaque matin. Sain car nous utilisons des produits excellents pour la santé. Par exemple, pour faire frire nos mezze, nous utilisons de l’huile de pépins de raisin ou de l’huile de colza. Cela fait la différence. Gourmand car nos assiettes sont bien remplies (rires) !
Deuxièmement : notre patrimoine marocain. Le concept de notre restaurant n’est pas nouveau mais nous l’avons adapté au palais marocain. Sur notre carte, il y a des clins d’œil à la gastronomie marocaine : le tajine matecha bla kefta (traduction : tajine de tomates sans viande hachée), le poulet marocain revisité.
Troisièmement : éco-responsable. Nous n’avons pas de plastique dans le restaurant : tout est recyclé ou recyclable. Par exemple, nous servons les boissons avec des pailles en inox (pour le plus grand plaisir d’Oumaima), les verres sont recyclés, les sets de tables sont recyclables, sur la terrasse nous avons improvisé un petit jardin. Nous essayons de sensibiliser un maximum de personne autour de nous. En parallèle, nous sommes en train de voir avec l’association Al Bahri pour aller plus loin (Association Bahri : association marocaine à but non lucratif créée en 2010 qui agit pour la protection de l’environnement). Notre objectif est de sensibiliser le quartier entier : c’est un combat de tous les jours. Je ne dis pas que cela va se faire du jour au lendemain mais depuis qu’on est là, les choses commencent à changer.
Quatrièmement : ludique. Nous avons dédié un espace pour les enfants au sein du restaurant avec des livres et des jeux. Nous essayons d’organiser le plus souvent possible des évènements. Ces activités ont pour objectif de sensibiliser un maximum de gens.
Nous sommes en train de préparer une série de conférences sur le bien-être et la cuisine saine. De plus, tous les samedis, un marché bio se tient sur la terrasse du restaurant. Les producteurs locaux peuvent exposer leurs produits : fruits, légumes, huiles et autres, toujours dans cette optique de partage et de mise en avant du terroir marocain.
Cinquièmement : humain. Nous créons des liens avec nos producteurs, nos clients, le staff. A la base, Organic Kitchen est un projet familial. Maintenant, tout le monde fait partie de la même famille, le personnel est mis à la même enseigne. Il y a une symbiose incroyable entre nous.
Nora : Avez-vous des projets pour l’avenir ?
Youssef : Oui ! Il y a un deuxième restaurant qui va venir très bientôt.
Nora : Où se situera-t-il ?
Youssef : Toujours à Casablanca, sur la côte. C’est un scoop car pour l’instant, on n’en parle à personne (rires) !
Nora : Est-ce que vos produits ont une certification bio ?
Youssef : Pas tous. Lorsque nous travaillons avec les petites fermes, les producteurs n’ont pas forcément les moyens d’obtenir cette certification. D’ailleurs, il est très difficile d’obtenir la certification bio au Maroc : il faut attendre entre 4 et 5 ans. Concernant les producteurs, qu’ils soient certifiés bio ou non, nous partons voir le fonctionnement de leur agriculture.
En parallèle, d’autres produits comme le poulet ont une certification biologique européenne. Ce qu’il faut savoir, c’est que même les produits bio sont traités avec des pesticides mais qui sont pesticides bio.
Mais nous travaillons particulièrement avec des fermes locales, que ce soit dans l’achat de leurs produits pour notre cuisine ou l’exposition du samedi matin avec le marché bio.
Nora : Concernant les fruits et légumes justement, est-ce que vous vous alignez avec le calendrier des saisons ?
Youssef : Oui bien sûr ! Nos cartes sont alignées avec le calendrier des saisons. Nous avons deux cartes : une carte printemps/été et une carte automne/hiver. Ca c’est un des premiers trucs que j’aurai du vous dire (rires).
Nora : Quand est-ce que vous allez changer la carte pour passer à celle d’automne/hiver?
Youssef : Très bientôt, nous sommes en train de travailler dessus. Un deuxième scoop (rires) ! On va passer sur du potiron, des champignons et autres.
Nora : Sur votre site Internet, vous parlez d’agriculture biologique ou raisonnée. Qu’est-ce que vous entendez par agriculture raisonnée ?
Youssef : L’agriculture raisonnée est une agriculture traitée mais raisonnablement. Une agriculture conventionnelle procède au traitement par pesticides le matin pour cueillir les fruits et légumes juste après. L’agriculture raisonnée consiste à procéder au traitement des produits puis les laisser reposer 4 à 5 jours avant de les récolter.
Il faut être honnête, les fruits « bio » au Maroc c’est très compliqué à trouver.
Nora : Donc il y a certains des produits que vous proposez qui ont été traités par des pesticides ? (grosse déception pour moi qui se traduit par la répétition de ma question pour confirmer son propos)
Youssef : Oui oui (pas d’hésitation !). Mais certains de nos fruits restent tout de même bio, notamment la pomme beldi ou la framboise des bois.
Nora : Concernant vos fournisseurs, favorisez-vous des producteurs locaux situés près de Casablanca ou dans tout le Maroc ?
Youssef : Nous favorisons les producteurs locaux de la région de Casablanca. Le plus loin se situe à Benslimane (à une soixantaine de kilomètres de Casablanca). A l’exception de quelques produits que nous recevons d’Agadir une fois par semaine : par exemple des germes de graines à pousser. Néanmoins, ils ne livrent pas que notre enseigne. On essaye de faire d’une pierre deux coups pour réduire notre empreinte écologique.
Nora : Concernant la carte actuelle printemps/été, quel est le plat le plus populaire ?
Youssef : Il s’agit du Nazi Goreng.
Nora : Pouvez-vous m’en dire un peu plus ?
Youssef : C’est LE plat typique indonésien. En gros, c’est leur couscous (rires) !
Nous avons voyagé à Bali il y a trois ans et nous sommes tombés amoureux. C’est un plat que nous avons adoré : on l’a ramené ici et on l’a revisité à notre manière. On a rajouté des épices pour l’adapter au palais marocain.
C’est un plat avec les vraies saveurs asiatiques : gingembre, citronnelle, basilic, ail. Depuis qu’on le propose, il a surpassé son concurrent qui était le salmon bowl.
Personnellement, le plat que je préfère et qui me touche le plus est le tajine matecha bla kefta (traduction : tajine de tomates sans viande hachée). C’est l’un de nos plats signature : il reste à chaque carte.
Pourquoi ? Lorsque j’étais petit et que le frigo se vidait, mes Parents nous préparaient rapidement un tajine de tomates avec de la viande hachée et des oeufs. Je suis nostalgique de ce plat !
Mais nous l’avons revisité : ce tajine ne contient pas de viande hachée mais de la « viande végétale » en y ajoutant de la cannelle. C’est un petit clin d’oeil et c’est un plat que j’adore.
Nora : Quels sont les ingrédients qui composent cette « viande végétale » ?
Youssef : On met des pois chiches, des herbes, de l’oignon, de l’ail et beaucoup d’amour (rires).
Nora : Dernière question, connaissiez-vous Peau Neuve ? Avez-vous déjà consulté son blog ?
Youssef : Non, je ne connaissais pas. Mais j’ai vu que c’était un site français qui avait sa filiale au Maroc dont vous vous occupez. Superbe initiative !
C’est sur cette note positive que s’est achevée l’interview.
Avant de quitter l’établissement, nous avons craqué pour des produits à emporter. Oumaima a acheté une (immense) part de carrot cake. Pour ma part, j’ai acheté un jus de fruits pour Monsieur et une petite bouteille d’huile d’olive extra vierge issue d’une coopérative marocaine.
Pour être le premier restaurant green que je teste à Casablanca, Organic Kitchen m’a vraiment impressionné, autant par ses valeurs, que sa cuisine et l’immense travail de sensibilisation à l’écologie qui y est fait. C’est un gros coup de coeur pour moi.
Malheureusement, je ne peux m’empêcher d’être quelque peu déçue d’entendre que certains produits proposés sont traités par des pesticides. Je peux comprendre qu’il soit difficile de trouver des fruits non traités au Maroc. Je comprends aussi que cela reste un enjeu économique. Mais selon moi, il est toujours possible de refuser de proposer des produits traités, quitte à ressentir le manque de certains fruits. J’encourage vivement Organic Kitchen à continuer sur leur excellente lancée et à se débarrasser totalement des produits traités aux pesticides, quand bien même ils soient issus d’une agriculture raisonnée.
Autre critique constructive que j’aurai à leur donner : revoir les emballages pour les produits à emporter. Comme l’a indiqué Youssef, le plastique est banni au sein du restaurant. Néanmoins, lorsque vous souhaitez prendre une pâtisserie à emporter, elle est emballée dans une boîte en plastique. De même que pour le jus que j’ai acheté, malgré qu’il soit présenté dans une bouteille en verre (ce qui constitue un bon point), le serveur m’a glissé une paille en plastique. Une incohérence qui doit être étudiée puis modifiée.
Cela dit, je reste sur une note positive concernant ce restaurant. Il s’agit d’un pionnier en la matière sur Casablanca et ce n’est pas rien. L’essor d’un mode de vie 100% écolo est tout nouveau au Maroc : il faut donc saluer l’immense effort d’Organic Kitchen.
Il est certain que je reviendrai !
Nora B.
Merci pour cet article. C’est un endroit où je vais régulièrement quand je suis à Casa et c’est devenu un de mes endroits favoris pour bruncher, déjeuner ou même faire une pause 4h saine. Le staff est toujours aux petits soins et souriant… il est vrai que les initiatives comme celles-ci au Maroc se comptent sur les doigts d’une main… Vivement le deuxième local 🙂 Belle journée !
Coucou, j’ai trop aimé cet article et vraiment Nora assure en matière de question, c’est top top ce genre d’article qui fait réel. Je suis conquise par le concept et la prochaine fois que j’irai au Maroc sans doute je ferai un détour juste pour manger dans ce restaurant et le faire connaître à ma famille qui est aussi une adepte des produits sains.
A très bientôt
Insta: Bonheur Maternel